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La Maison Carrée de Nîmes est-elle vraiment carrée ?

  • Gwenaël Simon
  • il y a 5 heures
  • 3 min de lecture

MAISON CARREE NIMES

Les Nîmois sont farouchement fiers de leur héritage romain. La Maison Carrée est d’ailleurs l’un des monuments romains les mieux conservés au monde, souvent citée aux côtés du Panthéon de Rome. Restaurée en 1992 et inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2023, elle jouit aujourd’hui d’une notoriété renouvelée.

Édifiée entre la fin du Ier siècle av. J.-C. et le début du Ier siècle apr. J.-C., elle appartenait au vaste programme urbanistique lancé par l’empereur Auguste pour transformer Colonia Augusta Nemausus — l’actuelle Nîmes — en une véritable vitrine de la romanité. Le cœur de ce projet était la création d’un forum de 145 mètres sur 65, centre religieux, politique et judiciaire de la cité.


Une “maison” qui n’a rien de carré


En arrivant depuis le boulevard Victor Hugo (que les jeunes Nîmois appellent simplement « le VH ») ou par les ruelles de l’ouest, on est frappé par la blancheur éclatante du monument. Malgré ses 2 000 ans, il paraît presque neuf !

Mais très vite, une question surgit : pourquoi l’appelle-t-on Maison Carrée alors qu’elle n’a rien de carré… ni de domestique ? Posée sur un podium de 2,65 mètres, elle mesure 15 mètres de large pour 26,42 de long. Clairement, nous sommes face à un rectangle.

L’explication est linguistique : au XVIᵉ siècle, le mot « carré » désignait toute figure à quatre angles droits. Le « carré long » équivalait à notre rectangle actuel. Ainsi, par héritage historique, le nom est resté.

Voilà un petit fait amusant qui permet déjà de briller en société !


Le Bois des Leins : aux sources de la pierre


La Maison Carrée a été construite avec des pierres issues de plusieurs carrières nîmoises. Ses trente colonnes corinthiennes et son entablement proviennent d’un calcaire très fin extrait au Bois des Leins, une forêt superbe où subsistent encore les traces d’anciennes carrières romaines. On y voit parfaitement les marques laissées par l’extraction des blocs.

On en compterait dix-sept dans cette zone de 8 000 hectares. Une randonnée là-bas — si possible avec quelqu’un qui connaît bien les lieux… par exemple moi — est une plongée fascinante dans l’ingénierie romaine.


Un temple, pas une maison


La Maison Carrée faisait partie de l’Augusteum, un complexe religieux dédié au culte impérial, installé à l’emplacement de l’ancienne source sacrée vénérée par les Volques Arécomiques. Le temple que nous admirons aujourd’hui fut construit en l’honneur de Rome et d’Auguste.

Il fut ensuite consacré à Gaïus et Lucius, les petits-fils de l’empereur, présentés comme Princes de la Jeunesse. Ils étaient pressentis pour succéder à Auguste, mais tous deux moururent prématurément dans la vingtaine, à un an et demi d’intervalle. Leur disparition bouleversa l’histoire impériale — et les Nîmois, très attachés à eux, leur dédièrent le temple.

Une inscription en bronze doré figurait sur l’entablement, aujourd’hui disparue. Seuls subsistent les trous de fixation, que le savant nîmois Jean-François Séguier parvint à déchiffrer en 1758. Il reconstitua le texte latin, rendant hommage à Gaïus et Lucius César.


Des Romains… influenceurs malgré eux

La Maison Carrée illustre à merveille l’élégance architecturale romaine : proportions parfaites, conservation exceptionnelle, raffinement sculptural. Rien d’étonnant à ce que Thomas Jefferson s’en soit inspiré pour concevoir le Capitole de l’État de Virginie.

Ce temple est sans conteste un chef-d’œuvre antique — et l’un des joyaux qui font de Nîmes une véritable Rome du Midi.

 
 
 

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